L'essence de l'âme

Méditations, relaxations, médecines douces, spiritualité,créativités, peinture par l'art thérapie,psychologie et bien-être sont les priorités de ce blog.

Mon arbre.

Peinture LB 2016
Peinture LB 2016

L’arbre

Je suis assise au pied du chêne. Je sens dans mon dos les chemins sinueux de son écorce. Je ferme les yeux. Je crois que j’ai un peu froid. Je respire profondément… Je le sens vibrer derrière moi, habité de mille vies qui fourmillent. J’étends mes jambes nues sur la terre, quelques rares pousses d’herbe et des petites brindilles. J’essaie de ne plus bouger, juste de sentir mon corps au contact de mon arbre. J’ai mal au ventre. Mon souffle est saccadé, comme la légère brise du vent qui va et vient sur ma peau. Et si j’accordais mon rythme à celui du vent ? Une petite feuille est tombée sur ma tête, ou bien est-ce une araignée qui tisse sa maison d’automne ? J’entends un bruissement d’ailes, enfin je crois. Je ne sais plus où je suis. Je ne perçois plus que le battement de mon sang dans ma gorge, nouée. La chose se déplace sur ma tête tout doucement. Je la laisse faire. Il y a de la place pour tous… Et puis mes cheveux sont un nid douillet pour qui cherche un peu de douceur. Mon ventre se détend sous mes doigts. Il bat à l’unisson du vent. Je ne sens plus mes jambes, je n’ai plus de dos. Je me demande ce que je fais là, seule, au pied de mon arbre. Il est tard, je crois. Un chatouillement sur mon genou me fait entrouvrir les yeux. Je ne vois rien, la nuit est tombée. Quelques lueurs au loin s’égrènent au son des maisons, notes de musique sur un chemin de terre. Je referme les yeux, à quoi bon ?

La terre m’appelle, elle me murmure des mots que je ne comprends pas. Je revois l’image d’un arbre centenaire qui se mettait à parler et à mouvoir ses branches telle un vieux sage d’un autre monde, celui de nos rêves. Je sens l’arbre bouger dans mon dos. La nuit me raconte son histoire d’amour. Amour impossible avec nos âmes qui fuient à la recherche de paradis perdus. Je l’écoute. Elle parle avec l’arbre. La petite chose est descendue dans mon cou. Elle se promène. Je la laisse faire et je sourie à cet petit être innocent, confiant. Je ne suis pas un danger pour elle. L’arbre bouge un peu plus bas, tout près de ses grosses racines puissantes qui s’enfoncent au creux de la terre. Et s’il m’emmenait en voyage ? Petite île déserte à la recherche de moi-même. Un craquement brusque sur ma gauche, des bruits de mouvements… Je n’ai pas peur, ou si peut-être un peu… J’ouvre les yeux. Je ne vois rien. Mon souffle est devenu paisible, à peine perceptible. La petite chose continue sa promenade nocturne sur mon chemin de peau. Je n’ai plus froid. L’arbre m’a donné sa chaleur, je ne sens plus les rugosités de son tronc ni les aspérités de la terre.

Tout est doux et tiède. Je caresse l’idée que mes jambes se mêlent aux racines de mon arbre, plongent au cœur de celle qui nous nourrit, jour après jour. J’ai envie de leur donner en retour. Mon corps a perdu ses frontières. J’entendrais presque mon âme libérée s’envoler, s’enrouler autour de mon arbre. La petite chose a dévalé mon bras, je la sens dans le creux de ma main, ouverte. Elle est si délicate, si respectueuse. Je referme la main, non pas pour l’emprisonner mais pour faire connaissance. Un peu de ma chaleur, un peu de sa douceur. Je n’arrive pas à sentir ses formes. Je me lève tout doucement et les mains légèrement fermées, j’entoure mon arbre de mes bras. Je respire tout contre lui, la joue griffée par son écorce. Je le remercie d’être là, tout près de moi, mon ami, mon arbre…

Je m’éloigne tout doucement… Un scintillement d’étoiles vient éclairer ma main, je l’ouvre… une plume, une plume toute jeune, presque un duvet… On dit que les plumes sont le signe de la présence d’un ange…

Nathalie Cohen

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